vendredi 20 février 2009

Quatrième note :










Lampisterie et lampes utilisées par les mineurs:


Mercredi 27 Février 1884,

Réveil douloureux. Je partage un café brûlant avec le vieux Bonnemort. Nous discutons. Un mineur est tombé malade. Il me propose de le remplacer. Mineur, moi ? Je réfléchis quelques minutes, puis j’accepte. Un toit et quelque chose dans le ventre, finalement, c’est tout ce dont j’ai besoin…

Je reste immobile devant la mine, assourdi et aveuglé, je fais quelques pas vers la salle des machines aussi puissantes que bruyantes. La machine, superbe, trois étages dans un escalier de bois pour aller en haut. La bielle énorme monte et descend. Les deux bobines colossales où les deux câbles de fer plats s’enroulent en sens contraire. Le massif énorme de maçonnerie en brique sur lequel repose la machine. Pas un ébranlement. Elle se trouve en arrière de la fosse, à vingt-cinq mètres, dans une salle plus haut. Un moulineur me crie « Attention ! ». Je manque de peu d’être écrasé…

Mon cœur bat à tout rompre. Je lève les yeux au ciel et soudain il m’apparaît haut, imposant, une véritable charpente de fer : le chevalement. C’est la bouche du puits d’extraction, le point le plus visible de la mine … tout s’organise autour de lui. De plus en plus, la mine m’impressionne…


Le Chevalement:


Doucement et sans vraiment m’en rendre compte, je retourne à la recette. Grelottant de froid, je pose mon regard sur cette grande salle où l’on reçoit hommes et charbon. Le mouvement des cages, le roulement des berlines, l’intense activité des manœuvres d’extraction créent un vacarme de tous les diables !

Fiévreux, je me laisse guider par Vincent dans ce que l’on peut considérer comme le sanctuaire de la mine : la lampisterie. Une salle remplie de plusieurs centaines de lampes où règne le silence. Un silence si assourdissant que je reste sans mot dire dans un respect presque religieux… La voix du vieux Bonnemort vient brisée ce silence religieux : « Dans les ténèbres de la mine, la lumière c’est la vie ! ». Sa voix résonne et semble ricocher sur les lampes… Il m’explique que chacune est numérotée et se trouve accrochée dans cette salle sous le numéro correspondant.

Les mineurs possèdent tous une médaille avec un numéro propre et lorsqu’un mineur descend, il prend sa lampe à laquelle il substitue sa médaille. Le système est simple.

« Au fond de la fosse, la lumière est la seule étoile du mineur » lâche solennellement le vieux Maheu et sur ces mots, nous sortons.

Nous rentrons. Demain c’est ma première descente et mon premier jour en tant que mineur…

Le porteur de lampes.


  • Extrait de Germinal:

"Après avoir monté un escalier obscur à moitié détruit, il s'était trouvé sur une passerelle branlante, puis avait traversé le hangar du criblage, plongé dans une nuit si profonde, qu'il marchait les mains en avant, pour ne pas se heurter. Devant lui, brusquement, deux yeux jaunes, énormes, trouèrent les ténèbres. Il était sous le beffroi, dans la salle de recette, à la bouche même du puits.

(…)

Quatre lanternes étaient plantées là, et les réflecteurs, qui jetaient toute la lumière sur le puits, éclairaient vivement les rampes de fer, les leviers des signaux et des verrous, les madriers des guides, où glissaient les deux cages. Le reste, la vaste salle, pareille à une nef d'église, se noyait, peuplée de grandes ombres flottantes. Seule, la lampisterie flambait au fond, tandis que, dans le bureau du receveur, une maigre lampe mettait comme une étoile près de s'éteindre. L'extraction venait d'être reprise ; et, sur les dalles de fonte, c'était un tonnerre continu, les berlines de charbon roulées sans cesse, les courses des moulineurs, dont on distinguait les longues échines penchées, dans le remuement de toutes ces choses noires et bruyantes qui s'agitaient."



  • Une note d'Histoire:

Le "chevalement", qu'on appelle aussi "chevalet" et même selon les traités, 'belle-fleur", est comme le symbôle de la mine, car il en est la partie la plus visible. Pour le visiteur, c'est lui d'abord, et de loin'qui distingue le paysage minier de tout autre paysage industriel. Rare sont les chevalement identiques.

La "recette", ainsi nomme-t-on le lieu où l'on reçoit les hommes et le charbon, à la bouche même du puits. C'est une grandes salle où s'accomplissent toutes les manoeuvres de l'extraction proprement dite. La plus importante est réalisé le clichage.

Autour du vaste emplacement de la recette s'ouvrent différentes salles de service abritées. Il y a "la salle des mineurs", où s'alignent les coffres et les armoires numérotés contenant les effets des mineurs.

Sur un côté s'étend "la lampisterie", chaque lampe est numérotée et chaque mineur possède sa lampe. Dans la mine la lampe c'est la vie.

Et enfin "la salle des machine".

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